PORTRAIT

OURO DJOBO BUKARI : OURO ESSO DE TCHAOUDJO (1)

De tous les ouro-esso, OURO DJOBO BUKARI fut le plus illustre et le plus grand. Il est le cinquième chef de son village Paratao et le sixième ouro-esso de Tchaoudjo. Son règne en tant que ouro-esso ou chef suprême débuta peu avant 1860. Chef suprême correspond mieux pour traduire ouro-esso mais la traduction la plus usitée aujourd’hui est chef supérieur. OURO DJOBO BUKARI, grand souverain est très ouvert et organisateur. Il se convertit à l’islam. Cette conversion aurait pu entraver sa fonction de Chef. Car le chef est détenteur de certaines valeurs et pratiques coutumières qui ne sont pas compatibles avec l’islam. OURO DJOBO BUKARI a pu concilier les deux. Il permit la propagation de l’islam, l’installation et l’intégration des peuples venus d’ailleurs. Il instaura les monopoles commerciaux. Il était connu comme un grand chef militaire d’où son surnom de Semo. C’est en effet lui qui constitua la cavalerie composée de brillants guerriers dénommés Semassis. Ces derniers menèrent plusieurs combats. En 1893, ils attaquèrent le village d’Anyanga, pour protéger les voies commerciales et ils prêtèrent main forte aux allemands dans leurs conquête du nord Togo (avec Von Zech contre Bulohu en Mars 1896 - avec le docteur Kersting en pays Kabrè en Janvier 1896 ).

OURO DJOBO BUKARI aura à la fin de son règne une dérive autoritaire. Il essaya de modifier le mode de succession au trône de ouro-esso en réservant la chefferie au seul lignage royale de Paratao. A sa disparition, peu avant l’arrivée des allemands en pays tem, cette modification entraîna un conflit entre les différents villages prétendant au trône. Cependant grâce à la sagesse des uns et des autres, on réussit à calmer les esprits.

Eboa Tchagurugu

(1) pour les dates voir cahier d’études africaines n°14 - 1963